2024 est une année toute spéciale. Nous soulignons simultanément le 40e anniversaire de la fondation de Esse et la 15e édition de l’encan Vendu–Sold. Dans un éditorial présentant le 20e anniversaire de la revue, j’écrivais : « Cet engagement qui a motivé la création de Esse la porte depuis 20 ans. Engagement par ses manifestations artistiques et théoriques, ses prises de position sur l’art, sur la culture et sur la société ; engagement envers la pratique et ses différentes disciplines et indisciplines ; engagement envers le véhicule lui-même, par le dévouement de plusieurs qui ont fait en sorte que la revue persiste et signe. ». Je pourrais aujourd’hui reprendre ces mots tels quels tant cet engagement incarne encore nos convictions. Durant ces années marquées par de belles réalisations, dont la transformation graphique, le passage au bilinguisme et à l’écriture épicène, le rayonnement sur la scène internationale et la création d’une importante plateforme numérique, nous avons cultivé le désir d’enraciner l’art contemporain dans la vie citoyenne et de sensibiliser le lectorat aux causes qui nous tiennent à coeur. Que ce soit pour parler d’art, d’éthique, de politique, d’inclusion, de justice sociale et environnementale, les artistes, autrices et auteurs ont marché à nos côtés pour faire de Esse ce beau projet de recherche, de création et de rayonnement artistique.
Nous avons également été soutenu·es par les conseils des arts qui ont cru en nous et en notre capacité de mener à bien cette mission. Je salue ces travailleuses et travailleurs de l’ombre qui accompagnent l’ensemble du milieu culturel contre vents et marées. La tempête est forte lorsqu’il est question des fonds dédiés aux arts visuels. Des investissements publics inadéquats en culture, mènent à un appauvrissement du milieu de l’art. La situation nous inquiète et c’est pourquoi, avec l’ensemble du milieu culturel, nous manifestons notre présence auprès des instances gouvernementales et clamons haut et fort l’importance de l’art dans la société. Depuis 40 ans, nous faisons preuve d’une résilience sans faille. C’est justement pour contrer l’austérité que nous avions instauré l’encan Vendu–Sold, en 2009. Cette levée de fonds a contribué non seulement au rayonnement des artistes et au développement de notre organisme, mais également à la pérennisation de nos emplois. Notre gratitude est immense envers celles et ceux qui nous ont aidé·es à relever ce défi.
Ce double anniversaire ne sera toutefois pas plombé par l’austérité. Déjà, nous célébrons une distinction octroyée par le National Magazine Awards qui nous désignant cette année Meilleur magazine : art, littérature et culture. Cet honneur, qui s’ajoute au prix Revue de l’année 2022 décerné par la SODEP, nous rappelle que notre travail contribue au développement culturel de notre société. Cette édition de Vendu–Sold à laquelle se joignent 45 artistes sera donc placée sous le sceau de la reconnaissance et marquée par un nouveau partenariat avec la Fondation Guido Molinari qui accueille notre exposition. Ensemble, nous célébrons la création et réitérons notre engagement à faire de l’art une force vive.
Sylvette Babin, Les éditions Esse
Notice biographique
Sylvette Babin détient un MFA en Studio Arts de l’Université Concordia et a poursuivi, pendant une vingtaine d’années, une pratique pluridisciplinaire comme autrice, éditrice et artiste de la performance. Membre du comité de rédaction de la revue Esse arts + opinions depuis plus de 25 ans, elle agit à titre de directrice depuis 2002. Citoyenne fervente de justice, elle s’engage dans diverses causes éthiques, animales et environnementales qui la passionnent.
Photo : © Alain Beauchesne