Lot
395
Petite viande no. 3

Huile sur panneau de bois marouflé à la colle de peau de lapin, 2015-2021

30,48 x 30,48 cm

J’ai commencé à m’intéresser à la viande comme matériau d’art vers 2013. J’étais au bac et je découvrais les écrits de Johanne Lamoureux dans un séminaire sur la nourriture dans l’art. La prof, Mélanie Boucher, avait relevé l’emploi du terme “viandeux” dans l’un de mes textes, toute sourire de constater l’influence de Lamoureux sur mon style d’écriture. Des années plus tard, je revisite ce souvenir d’un nouvel œil. C’est le moment où je suis devenue, par filiation, une historienne de l’art. 

En 2017, je travaillais à la salle d’exposition du Pavillon Alphonse-Desjardins à L’Université Laval. J’étais responsable du montage de L’odeur du sang humain me rit, de Catherine McInnis. Catherine ne le savait pas, mais j’attendais ce moment depuis longtemps. Je voulais jaser de chair et d’os. Je voulais qu’elle me parle de ses techniques de peinture, de tempéra, de colle de peau de lapin et de toutes les textures animales qu’elle utilisait pour dépeindre la chair. On a longuement parlé - entre deux installations de maudits fils de suspension parce que la galerie ne permettait pas de percer les murs - de la viande comme objet de consommation et de ses similitudes avec la chair du corps des femmes. 

Dans quelques jours, Catherine commence un bac en histoire de l’art. J’espère de tout coeur vivre une émotion similaire à celle de Mélanie Boucher lorsque je lirai son premier travail, et reconnaîtrai une certaine filiation entre ses réflexions et celles de toutes ces historiennes de l’art qui ont dépecé le sujet viandeux. 
- Sevia Pellissier