Huile et graphite sur du MDF récupéré, 2011
À travers mes images, mes gestes et mes fabrications, je vois ma pratique comme une tentative de me réapproprier le vivant. Mon travail s'appréhende comme un dialogue intime entre mon expérience, ma perception et mon environnement, naturel et socialement construit. Je m'interroge sur la perte de la nature dans nos imaginations collectives et je suis inspirée par la possibilité de créer des expériences biophiliques à travers la création artistique. Je suis activement à la recherche d'une sorte de réconciliation entre les dualités perçues nature / culture et la séparation cartésienne de l'humain et de la nature, intéressée par de nouvelles cohabitations. Il serait difficile pour moi de créer de l'art qui, à son tour, créerait des déchets dans un cycle de consommation linéaire.
Mon travail est donc conçu à partir de matériaux récupérés (artificiels et naturels) cherchant ainsi à transformer ce qui existe déjà dans une cohérence éco-systémique. Le geste de récupération devient non seulement une source de matière, mais aussi une source d'inspiration avec une logique philosophique. Le processus est au coeur de mes objectifs de création; l'oeuvre finale, l'objet qui en résulte, ne représente qu'un résidu. Je m'intéresse à l'entropie et aux cycles naturels ainsi qu'à l'évolution temporelle de mes oeuvres, en acceptant leur dégradation éventuelle comme une autre étape de vie. Je cherche à contrer nos systèmes actuels d'efficacité à tout prix, en privilégiant consciemment les gestes prenants, lents et méticuleux comme moyens de création.
Mes créations artistiques ont toujours des aspects relationnels, soit par des volets actifs et participatifs de création ou par des échanges spontanés in-situ pendant la genèse de l'oeuvre. Je cherche à engager les spectateurs-participants dans des expériences sensibles, intimes et chargées de questionnements éco-socio-politiques, proposant ainsi de nouveaux regards sur le monde naturel qui nous entoure.