Nguyen, Fiona

La nourriture est un objet référentiel passif, qui s'adapte aux différents ensembles de règles, tendances, subjectivités et traditions culturelles. Au sommet de ce phénomène sociologique règne l’institution de la gastronomie. Intriguée par le parcours expérientiel et épicurien de ce que l’Académie française appelle « l’art de faire bonne chère », j’examine la physiologie du « goût » et de la « distinction » instaurée implicitement par les maîtres du savoir gastronomique, afin de déconstruire la supériorité et l’infériorité culturelle assignée à certains types de nourriture et de cuisine. Ma pratique se focalise sur la déconstruction de ces hiérarchies culturelles, en étudiant le déséquilibre des relations de pouvoir reconnu dans le colonialisme et l'exotisme européens. Je travaille principalement avec le dessin au crayon de bois sur papier et canevas avec l’installation 3D, afin de livrer des images comme des illusions sculpturales. Je m’appuie sur le féminisme élaboré dans les théories du grotesque et de l’abjection, à l’effet d’explorer le symbolisme des abats, des triperies, du gras, et toutes autres coupes de viande non-désirée par la société contemporaine. À travers les couleurs vibrantes et la romance pailletée, je dévoile une complexité en apportant une dignité à ces déchets alimentaires, et requestionne le malaise du consommateur.