Verre soufflé, verre au chalumeau et tissu, 2020
L’œuvre choisie pour Les encans de la quarantaine fait partie de mon dernier projet, Mes beaux enfants et autres anomalies, où je proposais une réflexion sur la maternité et la non-maternité, ainsi que la possibilité que l'anomalie représente aujourd’hui la norme.
Tout est parti d’un changement. D’une mutation intérieure. À l’âge de 13 ans, l’artiste s’est vue diagnostiquer une malformation qui menace maintenant sa fécondité, sa condition de femme normale. Mais qu’est-ce qu’être une femme normale aujourd’hui? C’est la question que l’artiste pose en arrière-plan, à une époque où la maladie est une condition partagée et où l’anomalie, dans son infinité de trajectoires, représente la norme. Accepter et dépeindre l’anomalie, voir sa beauté, créer à partir de l’incapacité à procréer, tel est le défi que représente cette installation de pièces de verre soufflé qui mêle l’intime et le public. Il en résulte des pièces où le difforme devient ornement, et où les notions d’espace intérieur et « d’art viscéral » deviennent littérales.
Les pièces présentées sont elles-mêmes le signe d’un art en mutation, alliant le verre et le tissu rembourré, qui avec un jeu de transparence et de textures, se transforment réciproquement dans son alliance des matières hétérogènes et dans la réflexion sur la fécondité et la liberté de se définir dans un monde de contraintes.